Voilà une automobile qui vient d'être élue : " VOITURE DU SIECLE " alors que deux générations ont oublié pourquoi...
Rappelons à tous que les usines Ford en produisirent plus de 15 millions pendant 19 années ! Et qu'avec elle une autre conception de la production industrielle a vu la jour... Que son prix ridiculement bas a permis de mettre l'Amérique sur 4 roues... Et qu'il a fallu un protectionnisme farouche pour que survivent à ce fléau les industries automobiles des autres pays ! ! |
La grande idée d'Henry FORD, qui par ailleurs avait fait la preuve de son génie pour la mécanique, fut de donner la priorité à l'innovation commerciale. C'est elle qui offrira la possibilité d'innovations techniques et, par voie de conséquence, lancera une vraie révolution sociale. |
Il ne voulait pas construire une voiture au rabais.
Il la voulait robuste, fiable, prête à toutes les tâches; une sorte de mulet : " Je veux construire une automobile pour les masses ; assez grande pour une famille, mais assez petite pour qu"une seule personne puisse s"en servir et en prendre soin. Elle sera faite avec les meilleurs matériaux, par les meilleurs ouvriers, d"après les plans les plus simples que puisse imaginer l'art de l'ingénieur moderne. Mais elle sera d'un prix assez modeste pour que tout homme gagnant un bon salaire puisse l'acheter et, grâce à elle, jouir avec sa famille des agréments et des beautés que Dieu a mis dans la nature ". |
Dès les débuts, Ford comprit que pour accroître la production, il fallait agrandir l'usine...Mieux ! Il en fit concevoir et construire une à Highland Park sur l'emplacement d'un ancien champ de courses par le meilleur architecte du moment, un des premiers spécialistes du béton armé : Albert KAHN. |
On y aménagea en décembre 1909, mais le processus de fabrication restait encore archaïque : une équipe d'une cinquantaine d'ouvriers travaillait sur un châssis qui allait d'un atelier à l'autre pour assembler dans chacun d'eux ce qui y était fabriqué.
On imagine le temps perdu en déplacements, contretemps, attente et fatigue que cette organisation générait. |
En 1908 Henry LELAND avait, lui aussi, voulu standardiser la fabrication de ses Cadillac... C'était un réel progrès que d'arriver à produire avec précision chaque pièce à l'identique. On suivait là, très exactement, les principes de production préconisés par TAYLOR, énoncés dès 1903 dans son ouvrage : SHOP MANAGEMENT et diffusés par le canal de L'A.S.M.E. ( American Society of Mechanical Engineers ). |
La première chaîne de montage au monde fut installée à Highland Park au printemps 1913. En fait, elle était à l'étude depuis plus d'un an. Un ouvrier mettait 25 minutes pour assembler une magnéto sur le volant d'inertie, et ceci avec beaucoup d'efforts car l'ensemble pèse 23 Kg. On construisit alors une sorte de longue étagère munie de glissières, et chaque ouvrier ne fit plus qu'une opération : visser un aimant ou mettre en place l'entretoise, ou visser la plaquette... Le temps d'assemblage fut réduit à 13 minutes 10 secondes ! On modifia la hauteur de cette table d'assemblage, l'emplacement des pièces à monter, et grâce à ce travail d'ergonomie, le temps tomba à 7 minutes. |
On commença par le tirer, au moyen d'un filin et d'un treuil, sur une sorte de berceau métallique. Dès que les roues étaient montées, celles-ci étaient guidées dans un rail, l'ensemble avançait d'un poste à l'autre ; une équipe de 6 assembleurs suivait le châssis et prenait les pièces à des tas placés sur le parcours. Cette expérience rudimentaire réduisit le temps de montage de 12 heures 30 à 5 heures 50. D'autres améliorations furent apportées quand le châssis fut lui aussi convoyé ; les monteurs restaient au même poste pour être plus rapides.. |
Ainsi fut introduit le mouvement continu permettant à un seul ouvrier d'effectuer le travail qui en nécessitait 3 ou 4 auparavant. Le TAYLORISME était lancé, l'ouvrier n'avait plus besoin d'un long apprentissage pour être efficace à un poste d'où il ne bougeait plus. Les pièces acheminées par des convoyeurs à bande sur toute la longueur de l'usine, arrivaient à point nommé quand et où on en avait besoin. |